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La honte : Une émotion toxique à reconsidérer ?

par | 23 Jan, 25

La honte est souvent perçue comme une émotion négative, voire toxique. Elle ronge l’estime de soi, fragilise notre rapport aux autres et peut nous isoler. Pourtant, cette vision mérite d’être revisitée. La Gestalt-thérapie intégrative propose un regard différent, qui voit la honte non pas comme un poison, mais comme un guide vers une meilleure compréhension de soi.

La honte : une interruption de notre joie d’Être

Dans la Gestalt-thérapie intégrative, la honte est décrite comme une interruption de notre joie d’être spontanée. Cette joie, c’est le sentiment de bien-être que l’on ressent en étant simplement soi-même. Mais lorsque cet état naturel est perturbé par des jugements, qu’ils viennent de soi ou de l’extérieur, la honte peut s’installer.

Prenons pour cet article l’exemple d’une femme qui vit une relation avec un homme marié.

Bien qu’elle ressente de l’amour ou du désir dans cette relation, elle peut être envahie par un sentiment de honte. Elle se dit : « Ce que je fais est mal. Je suis une mauvaise personne. » Ce jugement intérieur naît souvent des normes sociales ou des valeurs personnelles qui entrent en conflit avec ses actes. La spontanéité de ses émotions – l’amour, l’attachement – est alors mise en doute, et la honte s’installe, coupant cette femme de sa capacité à s’accepter telle qu’elle est dans toute sa complexité.

La honte : une réparation possible

La honte, bien qu’inconfortable, peut aussi être une émotion réparatrice. Elle survient parfois lorsqu’une action que nous avons entreprise va à l’encontre de nos valeurs profondes. Dans ce cas, la honte agit comme un signal qui nous invite à revisiter nos choix et, si nécessaire, à réparer ce qui peut l’être.

Dans l’exemple de la maîtresse, la honte pourrait amener cette femme à reconnaître que la relation dans laquelle elle s’est engagée ne correspond pas à ses idéaux ou qu’elle blesse des personnes importantes dans sa vie (elle-même, l’homme, ou sa famille). Cette reconnaissance, bien qu’inconfortable, peut l’encourager à poser des actions réparatrices  : mettre fin à la relation, communiquer ses ressentis, ou s’engager dans une démarche personnelle pour mieux comprendre ses choix.

En ce sens, la honte est un guide précieux qui nous permet de revenir en alignement avec nous-mêmes. Elle nous pousse à revisiter nos valeurs, à interroger nos comportements et, parfois, à poser des gestes concrets pour nous sentir à nouveau intègres et alignés avec nos principes

Une femme assise, la tête baissée, les mains couvrant son visage, exprimant visiblement un sentiment de honte ou de détresse dans un environnement extérieur.

Nouvelle approche : comprendre sa fonction

Contrairement aux idées reçues, la honte a une fonction. Elle agit comme un indicateur qui nous informe que quelque chose dans notre vie ou dans notre façon de nous percevoir mérite d’être exploré.

Parfois, la honte survient lorsque nous agissons à l’encontre de nos valeurs. Mais pourquoi faisons-nous cela ? La réponse réside souvent dans nos besoins et nos blessures passées. Ces blessures, qu’elles soient liées à l’abandon, au rejet, ou au manque de reconnaissance, peuvent nous conduire à chercher à les compenser par des comportements qui, bien que compréhensibles, sont en contradiction avec ce que nous valorisons profondément.

Dans l’exemple de la maîtresse, cette femme pourrait découvrir que son engagement dans une relation compliquée est une tentative inconsciente de répondre à un besoin profond : celui de se sentir vue, aimée ou spéciale. Ces besoins, enracinés dans une blessure ancienne, influencent parfois nos choix de manière invisible.

La honte, dans ce cas, agit comme un signal. Elle nous invite à examiner non seulement nos actes, mais aussi les blessures et les besoins qui les motivent. En Gestalt-thérapie, cette exploration est essentielle : il ne s’agit pas de juger nos comportements, mais de comprendre ce qu’ils disent de nous, de notre histoire et de nos aspirations.

En comprenant que nos actes, même lorsqu’ils vont à l’encontre de nos valeurs, sont souvent une tentative de répondre à des besoins légitimes, nous pouvons accueillir la honte avec plus de bienveillance. Elle devient alors un point de départ pour une transformation intérieure, plutôt qu’un poids qui nous enferme dans la culpabilité.

Honte et humiliation : comprendre la différence

Il est essentiel de distinguer la honte de l’humiliation. L’humiliation vient de l’extérieur : c’est le regard ou les mots des autres qui nous rabaissent. Par exemple, une amie qui découvre cette relation pourrait exprimer un jugement sévère : « Comment peux-tu faire ça ? Tu ne te respectes pas ! » Ces mots peuvent provoquer un sentiment d’humiliation, car ils attaquent directement notre valeur.

La honte, quant à elle, est plus intime. Elle vient de l’intérieur, alimentée par nos propres jugements. Dans ce cas, la femme pourrait penser : « Je ne suis pas digne d’amour, car je participe à quelque chose de mal. » La honte reflète donc un conflit intérieur entre ce que nous ressentons et ce que nous pensons devoir être pour être accepté·e par nous-mêmes ou par les autres.

Des mains pointant du doigt dans la même direction, symbolisant le jugement collectif ou l’accusation, sur un fond flou.

 

Transformer la honte en chemin vers notre authenticité

La honte peut devenir un outil de transformation. En Gestalt-thérapie, on apprend à utiliser cette émotion pour mieux comprendre ses besoins et ses valeurs.

Dans l’exemple de la maîtresse, accepter cette situation peut signifier reconnaître à la fois les émotions positives (l’amour, l’intensité de la relation) et les émotions douloureuses (la solitude, le doute, la culpabilité). Ce processus permet de clarifier ce que l’on attend réellement d’une relation et de mieux comprendre comment vivre en accord avec soi-même.

Transformer la honte, c’est accepter sa vulnérabilité. Ce n’est pas nier ses choix ou ses actes, mais apprendre à se reconnecter à ses aspirations profondes et à se pardonner pour les moments où l’on s’est éloigné·e de soi-même.

A retenir : Reconsidérer la honte pour mieux s’accepter

Reconsidérer la honte, c’est changer de perspective. Plutôt que de la voir comme une émotion à fuir, il s’agit de la comprendre comme une opportunité de croissance personnelle. La Gestalt-thérapie intégrative nous invite à écouter notre honte pour renouer avec notre vraie nature. Ce chemin, bien qu’inconfortable, est une voie vers plus d’authenticité, d’acceptation et de joie d’être.

Cela ne signifie pas qu’il faille ignorer les implications éthiques ou émotionnelles de certaines situations. Mais il s’agit avant tout de reconnaître que, pour évoluer, il faut commencer par s’accepter pleinement, là où l’on se trouve, ici et maintenant.

Partage ton expérience

Cet article aborde une émotion universelle que beaucoup ressentent mais ne reconnaissent pas toujours : la honte. Nous avons exploré l’exemple de la honte liée à une relation complexe, mais maintenant, j’aimerais entendre ton histoire.

Où reconnais-tu la honte chez toi et comment peux-tu la reconsidérer ? Quels enseignements peux-tu tirer de cette émotion à la lumière de ce qui a été dit ici ?

Partage tes réflexions et expériences dans les commentaires ci-dessous. Ta voix est précieuse et peut inspirer d’autres à reconsidérer leur propre rapport à la honte.

Bien chaleureusement,

July LINCHAN

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